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Chaîne logistique et impact environnemental : à quand une obligation du « mieux prévoir » ?

Ce n’est un secret pour personne : les ressources qui nous entourent ne sont pas extensibles. Aussi, l’heure est à la prise de conscience généralisée des enjeux environnementaux, tant au niveau national qu’international. Et la chaîne logistique n’échappe pas à la règle ! Les acteurs de la supply chain sont en effet de plus en plus sensibilisés à la situation, car la production et le transport sont une source importante de gaspillage (hydrocarbures, énergie, plastiques…).

La mondialisation a mené les entreprises européennes à se désindustrialiser pour produire et importer leurs produits depuis l’Asie. Le transit international des marchandises s’est alors fortement développé. Dans ce contexte, une sur-prévision entraîne des conséquences de grande ampleur. Dans la mesure où les produits arrivent par containers ou par avions, la pollution liée au transport est en effet particulièrement importante, d’autant qu’elle est parfois injustifiée. Si cette affirmation convainc par sa logique, il reste que l’empreinte carbone liée à la mauvaise prévision logistique n’est aujourd’hui pas calculée. Alors, qu’en est-il de mesurer l’empreinte carbone d’une sur-prévision ? Existe-t-il déjà des mesures qui visent à mieux prévoir pour limiter son impact environnemental ? Comment allier efficacité de production et responsabilité ? Réponses.

« Mieux » prévoir : de quoi parle-t-on ?

Avant de mieux prévoir, il faut déjà « prévoir » ! Et beaucoup d’entreprises n’ont pas encore déployé de système de prévision fiable. Prévoir, c’est être en mesure de répondre aux questions : Où vais-je ? Qu’ai-je besoin de faire ? L’idée étant d’avoir une vision globale, afin d’anticiper la quantité de produits qui sera vendue et donc, fabriquée. Tout l’intérêt est d’acheter la plus juste quantité, au regard de ce que l’entreprise prévoit en termes de ventes. Il s’agit-là du fondement même de la logistique !

La prévision, quelle importance ? Deux constats :

  • Si les prévisions sont mauvaises, l’entreprise va acheter plus, produire plus et… polluer plus. La production engage en effet des machines et des Hommes, qui eux-mêmes polluent. Dès lors, ce qui est fabriqué et transporté en trop génère une pollution supplémentaire. Pour être « jusqu’au bouttiste », on pourrait même dire qu’on va générer une pollution pour détruire des produits obsolètes qui eux-mêmes ont généré une pollution.
  • Ce qui n’est pas anticipé ou prévu est résolu par une gestion d’urgence. Or, la gestion du flux en urgence génère aussi de la surpollution : avion, intérim, vieille machine qui sera réactivée et qui consomme plus d’énergie, …

Afin de maîtriser leur impact environnemental, il est donc primordial pour les entreprises de prévoir au plus juste et de limiter au maximum la nécessité de réactivité dans l’urgence.

Intégrer des contraintes environnementales et écologiques à la supply chain : une nécessité pour l’avenir ?

A/ Les premiers pas d’une réglementation plus verte…

Au cours des 10 dernières années, nous avons assisté à des évolutions structurelles fortes, et cette tendance est en train de s’accentuer sous l’influence des jeunes générations. L’émergence des nouvelles générations semble en effet rendre de plus en plus fondamentale la prise en compte de l’impact de notre activité sur l’environnement. De nombreuses initiatives ont déjà été menées en ce sens : voies réservées au covoiturage, affichage environnemental sur le textile, bateaux de collecte des déchets dans l’océan, etc. Les exemples sont nombreux et semblent montrer qu’un mouvement de fond est en train de s’opérer vers un comportement plus responsable de la part des citoyens. Cela a nécessairement un impact sur les élections et donc… sur les lois et donc… sur les réglementations !

Retours sur les évolutions des réglementations environnementales au sein de la chaîne logistique :

  1. Taxes écoresponsables : transport, emballage, appareils électroniques, déchets, … De plus en plus de taxes écoresponsables impactent les entreprises dans leur façon de produire et de distribuer, et les consommateurs dans leur façon de consommer.
  2. Taxe carbone : impôt environnemental direct, la taxe carbone est proportionnelle aux quantités de dioxyde de carbone (CO2) émises lors de la production et/ou de l’usage d’un produit. Plus il émet de gaz à effet de serre, plus il est taxé, sur le principe “pollueur-payeur”.
  3. Loi anti-gaspillage : cette loi interdit notamment la destruction des invendus (non-alimentaires) en établissant une obligation de réemploi, de réutilisation ou de recyclage.

B/ A quand un changement des habitudes de production ?

Aujourd’hui, de plus en plus d’exemples témoignent d’une prise de conscience collective au sujet de l’environnement. Les consommateurs semblent en effet décidés à surveiller de près leurs achats, autant pour leur santé que pour la planète : nutriscores, affichage environnemental, traçabilité, production biologique…  En réponse à cette demande, par acquit de conscience ou par réel engagement, les entreprises sont, elles aussi, de plus en plus sensibles aux enjeux écologiques. Toutefois, il est parfois difficile d’identifier les leviers écologiques liés à de bonnes prévisions. L’attention environnementale est en effet souvent portée au niveau de la composition des produits, mais encore très peu du côté de la supply chain. Le concept de « supply chain verte » émerge malgré tout peu à peu !

La « supply chain verte » vise ainsi à minimiser l’empreinte écologique d’un produit tout au long de son cycle de vie : extraction des matières premières, approvisionnement, conception, production, design, livraison et bien sûr, traitement des produits en fin de vie. La « supply chain verte » doit donc être perçue comme une démarche structurante qui repense la chaîne de production en réduisant son impact environnemental. Si une telle démarche existe, seules peu d’entreprises s’y intéressent…

Nous savons que l’industrie pollue, et pourtant les seuls indicateurs utilisés par les comités de direction se cantonnent souvent aux valeurs financières… Alors, quand les choses vont-elles finir par évoluer ? Quand y aura-t-il une prise de conscience collective qui mettra les contraintes environnementales au cœur des processus de supply chain management et de S&OP ?

Les contraintes écologiques en matière de logistique pourront venir de la Loi, mais peut-être également d’acteurs importants qui imposeront ces contraintes à leurs fournisseurs. En effet, le choix des fournisseurs se fait aujourd’hui très souvent en fonction de contraintes qualitatives et financières. Demain, peut-être la « vertuosité » primera-t-elle ?

3 voies possibles, potentiellement complémentaires :

  • Une responsabilisation des entreprises qui chercheront à s’engager en faveur de l’environnement et voudront intégrer cet engagement à leur image de marque ;
  • Les gros acteurs montreront la voie aux autres et imposeront indirectement des mesures environnementales à leur écosystème, forcé de s’aligner sur les bonnes pratiques ;
  • Le gouvernement qui imposera des réglementations, dans la continuité de celles déjà existantes… scénario très probable dans les prochaines années ! Imaginez une obligation de s’outiller pour faire des prévisions de ventes pour tous les industriels par exemple !

C/ Un enjeu de taille à l’heure de l’hyperpersonnalisation

Le changement des habitudes de production est d’autant plus urgentau regard des évolutions de la façon de produire des 20 dernières années. On assiste en effet à un élargissement des gammes ainsi qu’à une hyperpersonnalisation des produits. Cette évolution des pratiques implique des composants différents, de plus en plus nombreux, une augmentation des stocks, de la production, etc. Et cela génère par conséquent de la pollution supplémentaire induite par l’obsolescence des produits.

Dès lors, ne faudrait-il pas arrêter ou, a minima, réduire la course à la personnalisation ? Ne serait-il pas raisonnable d’accepter d’avoir moins de versions d’un même produit et de rationaliser les gammes ?  Mais ce raisonnement est-il universel ou aura-t-il du mal à s’exporter ?

A noter : les erreurs de prévisions (comme les surprévisions) sont étroitement liées au fait qu’on ait de plus en plus d’articles. Il s’agit de la « loi des grands nombres » : les risques d’erreurs augmentent mathématiquement avec l’élargissement des gammes de produits.

Même sans erreurs, le versioning (exemple : la déclinaison d’un même modèle en différentes tailles, couleurs, etc) implique des productions et des stocks supplémentaires alors même que mécaniquement, certaines couleurs marcheront moins bien que d’autres. Pourquoi les enseignes se sentent-elles donc obligées de les fabriquer, sachant même parfois à l’avance qu’elles ne seront pas toutes vendues ?

Le rôle des outils de planification

Afin de faire avancer la question, il convient d’octroyer le juste rôle aux outils de planification. On pourrait en effet imaginer que ces outils intègrent des notions d’impact écologique dans leurs prévisions :

  • Des prévisions de ventes qui calculeraient la génération de gaz à effet de serre ;
  • Des simulations S&OP qui intègrent des prévisions en termes de CA mais aussi en termes de d’emprunte carbone.

Si l’empreinte carbone est un KPI que l’on trouve rarement aujourd’hui dans les outils de planification, il s’agit d’une voie à exploiter ! Afin de générer des prévisions, peut-être que dans l’outil du futur, des scenarii basés sur l’empreinte carbone pourront être émis pour prendre une décision éclairée et minimiser l’impact environnemental.

Nous sommes aux prémices de la logistique plus « consciente », malgré le fait que la rentabilité soit toujours la variable n°1 que les entreprises cherchent à optimiser.

Prenons le pari que l’aspect écologique sera une part prédominante des décisions prises par les futures générations de prévisionnistes. Peut-être que les outils de supply chain prendront à l’avenir systématiquement en considération des indicateurs environnementaux ? Et pourquoi pas un eco-label de « stock efficience » des produits, un marqueur qui attesterait qu’un produit n’est pas issu de la surproduction mais d’une prévision maitrisée et cohérente ?

Si de nombreuses évolutions sont à espérer, il existe dès à présent des solutions pour réduire l’impact environnemental au sein de la chaîne logistique. Alors, en attendant de futures obligations liées au « mieux prévoir », des actions sont d’ores et déjà envisageables pour améliorer les choses. Vous pouvez par exemple choisir de vous tourner vers un outil de Demand et de Supply Planning tel que Colibri, qui permet de mieux prévoir et ainsi de limiter la surproduction très impactante sur l’environnement.

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